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Les secrets du Bonobo de Bolobo du 16 au 30 juillet 2022

Après de longs mois de préparatifs, nous voilà enfin sur le terrain pour cette toute première mission d'étude des Bonobos au Congo du programme de recherche OSI-Wild Attitude Voir descriptif détaillé

Les secrets du Bonobo de Bolobo du 16 au 30 juillet 2022

Après de longs mois de préparatifs, nous voilà enfin sur le terrain pour cette toute première mission d'étude des Bonobos au Congo du programme de recherche OSI-Wild Attitude Voir descriptif détaillé

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Introduction

Notre aventure va nous mener dans les forêts tropicales au bord du fleuve Congo.
Cette mission sera l’occasion d’étudier le comportement du Bonobo ainsi que d’étudier la faune locale, de profiter des échanges culturels et de travailler en collaboration avec l’ONG congolaise locale M’Bou Mon Tour qui réalise à l’année un superbe travail pour la gestion communautaire de ces forêts qui abritent une biodiversité incroyable.

Le Journal de Bord

Expédition du 16 au 30 juillet 2022

J-1

Plus qu’un jour avant le début de la mission !
Dans la chaleur et l’agitation de la tumultueuse Kinshasa, les deux éducateurs scientifiques, Stéphanie et Jonathan font les derniers préparatifs avant l’arrivée des participants !!

Hâte de pouvoir accueillir tout le monde et de débuter cette aventure humaine et scientifique au cœur de la forêt tropicale.

Samedi 16 juillet

Ce matin, c’est l’arrivée des premiers participant(e)s : Audrey et Olivia !
Dans la soirée, le reste de l’équipe composé de Philippe, Nathalie, Sophie et Amal sont accueillis par Stéphanie et Jonathan.

Ce soir c’est inauguration d’un nouveau logement avec Jean Christophe, le responsable de l’ONG M’Bou Mon Tour (MMT) ! Tout le monde profite de ces célébrations, c’est une immersion rapide dans la culture et les festivités Congolaise !
C’est aussi une occasion parfaite poue que chacun puisse faire connaissance.

Dimanche 17 juillet

Ce matin, l’équipe part de Kinshasa pour rejoindre l’embarcadère afin de monter sur la pirogue.
Malheureusement, les processus administratifs retardent le départ... des arrêts en cours de route ensuite pour récupérer des provisions, même si ils représentent de formidables occasions pour échanger et faire des photos avec les habitants des villages le long du fleuve, ces moments accentuent notre retard et ne permettront pas à l’équipe de rejoindre Maloukou comme prévu initialement.

Décision est prise alors d’accoster sur l’île aux éléphants pour y dormir, la navigation de nuit étant trop dangereuse sur le fleuve.
Olivia et Audrey décident de monter la tente sur la berge, le reste de l’équipe dort sur la pirogue, tout le monde est équipé d’un matelas, d’un sac de couchage et d’une moustiquaire, tout ce qu’il faut pour passer une bonne nuit à bord !

Lundi 18 juillet

Au petit matin, revue des troupes, Olivia et Audrey sont bien remontées à bord, petit déjeuner, on largue les amarres et youpi, nous voilà repartis, plein d’énergie sauf Audrey, Jonathan et Nathalie qui se bagarrent avec leurs intestins, mais heureusement, la potion magique à base de thé noir de Stéphanie remettra tout le monde d’aplomb rapidement !

Nous rejoignons enfin le village de Maloukou pour y récupérer le cuisinier qui doit nous accompagner à la ferme de M’bou Mon Tour, nous aurons un peu de mal à le retrouver mais il apparaît soudain accompagné d’une nuée d’enfants, avec à la main des plats préparés pour nous rassasier et nous faire repartir du bon pied 😊.

La croisière continue, l’ambiance est bonne, l’équipe apprend à se connaître, on croise des villes flottantes hallucinantes, pleines de gens et de matériel, on observe la vie des habitants sur les berges, les enfants qui s’amusent dans l’eau, les pêcheurs…on scrute la végétation changeante pour essayer d’apercevoir des oiseaux ou des mammifères sauvages…on ne verra que des cochons domestiques, des bovins, des chèvres et quelques poules et canards…la biodiversité attendra ! Le quizz préparé par Stéphanie et Jonathan est un succès, on rigole bien tout en apprenant, tout le monde se prend au jeu, Elisabeth est la grande gagnante, elle reçoit un beignet et une banane pour sa belle victoire !

La route est longue mais le temps passe relativement vite, nous accostons de nuit à Tsumbiri.
L’accueil sur la berge est chaleureux, petite marche ensuite de 10 mn pour rejoindre Innocent, le coordinateur de M’bou Mon Tour.
Il nous conduit à la jeep et c’est parti pour deux heures sur une piste, trajet mémorable dans la jungle, on se serait cru dans le film Jurassik Park !
L’arrivée à la ferme est bienvenue, cette endroit semble être un havre de paix, calme, propre, des gens d’une gentillesse incroyable et des chambres individuelles !
Repas copieux, douche et au dodo, il est tard, d’autres aventures nous attendent demain !

Mardi 19 juillet

Après une bonne nuit, petit déjeuner, et explication du programme de la journée, le

Rdv est pris à 10h ,sous la paillote, pour qu’Innocent nous explique le fonctionnement de l’association M’bou Mon Tour et la situation actuelle dans la région. Explication passionnantes, les questions ne tarissent pas et nous atteignons rapidement l’heure du déjeuner.
Nous partons ensuite avec l’agronome de la ferme qui nous montrera le potager, le champ de manioc et la façon de travailler la terre ici.

Nous partons ensuite en jeep au village, Paulin nous sert de guide mais nous serons aussi accompagnés de tous les enfants, ravis de nous faire découvrir leur univers.
Ils nous chantent la chanson du bonobo, nous découvrons les différentes parcelles appartenant aux habitants, Paulin nous explique leur mode de vie. Nous croisons aussi le conteur du village qui chaque soir raconte une histoire à tous les enfants du village réunis autour d’un feu de bois, c’est magique !

Retour à la ferme, quartier libre, on se retrouve à nouveau autour d’un bon repas à la fin duquel Jonathan nous explique le protocole d’observation des bonobos.
Allez, au dodo, départ 4 heures du matin, les pisteurs ont repérés les bonobos, 2 sites où on peut aller à leur rencontre, au moment où ils sortent de leurs nids situés à 30 mètres de haut.
L’observation se fait à la jumelle, pas question de les déranger, même si ces groupes sont habitués à la présence humaine à distance .
Nous avons tous hâte de cette rencontre au sommet !

Mercredi 20 juillet

Top départ, tout le monde est dans la jeep comme prévu à 4h30.Une demi heure de route et on arrive au point de rencontre à Nkala avec les pisteurs qui trépignent d’impatience. Ils connaissent bien les habitudes des bonobos, ils connaissent bien la forêt. Nous partons en marche rapide, une heure de marche à la lampe frontale, à enjamber les souches couchées sur le sol, à écarter les branches sur notre passage. Le rythme est soutenu mais nous avançons sans faillir.

Nous arrivons malheureusement un peu tard, nous pouvons observer les bonobos pendant quelques instants mais ils sont déjà bien réveillés et en quête de nourriture, ils ne tardent pas à disparaître dans la végétation ! Le but de notre étude est d’arriver quand ils sont encore dans leurs nids, de les prendre en quelque sorte au saut du lit. Trop tard pour aujourd’hui !

Nous marcherons cependant toute la matinée, en suivant les pisteurs, ça muscle bien !

L’après midi est consacré à la détente, la lecture, les plaisanteries et la lessive !

Jeudi 21 juillet

Top départ à 4 heures du matin comme prévu, tout le monde est prêt à l’heure et plus que motivé, direction Manzano !

Une heure de piste, ça passe vite et nous mesurons vraiment la chance que nous avons d’être ainsi au Congo et de pouvoir participer à une telle mission !

Cette fois, les bonobos ne se trouvent à priori qu’à 1/4 d’heure de marche de l’endroit où nous dépose la jeep, nous traversons la savane silencieusement à la queue leu leu, à la lampe frontale, le jour n’est pas encore levé.

Nous avançons quelques minutes dans la forêt ; les pisteurs nous arrêtent alors, vont vérifier que les bonobos ont bien dormi là où ils les avaient repéré la veille…les minutes s’écoulent, flûte, les bonobos ne sont pas là où on les espérait ! Mais la déception est de courte durée, grâce à la connaissance du terrain des pisteurs, nous avons rapidement le bonheur de pouvoir admirer ces incroyables primates dans leurs occupations de la matinée.

On les voit sauter, jouer, manger, interagir, vocaliser, c’est un festival ! Nous aurons la chance de pouvoir les admirer pendant plus d’une heure ensuite et de pouvoir remplir le protocole de données. Nous récoltons aussi des feuilles pour l’herbier, des fruits que les bonobos ont mangé…

Retour à la jeep, tout le monde est heureux mais bien fatigué, certains en profitent pour faire une petite sieste, d’autres en profitent pour refaire le monde.

Douche et déjeuner tranquille, puis il est temps d’aller boucler notre sac à dos, c’est aujourd’hui que nous allons rejoindre le bivouac dans la jungle, l’immersion sera encore plus profonde, nous dormirons sous tente mais surtout sans connexion internet !

Enfin, le départ pour la ferme de Lempu !
Audrey part ravie à l’arrière de la moto de Mokranou, notre cuisinier. Cette virée lui redonne le sourire et l’énergie, la fatigue est oubliée.

Les autres montent dans la jeep, 1 heure 30 de piste, bercés par le doux son du klaxon que notre chauffeur prend plaisir à actionner !

Au bout du monde, au milieu de nulle part, la voiture stoppe, tout le monde descend. Un premier groupe part en éclaireur jusqu’à la ferme, le deuxième groupe partira après le coucher du soleil, il y a un passage incontournable par un marécage, ça promet !
Et nous ne sommes pas déçus ! Un véritable parcours du combattant, avec nos sacs à dos, chaussures retirées pour mettre des bottes en caoutchouc prêtées, tout y est, excepté ramper dans la boue, nous restons debout malgré quelques pertes d’équilibre dangereuses. Nous avions signé pour l’aventure, nous sommes servis !

Arrivée de nuit à la ferme de Lempu, un des six villages communautaires du Mbou mon tour, nous nous attendions à beaucoup moins de luxe : nous avons une tente chacune, des toilettes, une table et des chaises, le Nirvâna !

Après un bon dîner tous ensemble, chacun rejoint son sac de couchage, bonne nuit !

Vendredi 22 juillet

Grasse matinée jusqu’à 7h30, petit déjeuner, départ prévu 9 heures. Audrey a déclaré forfait, interdiction de la réveiller, mais le coq s’en est chargé !

A 10h35, on passe à l’herbier, on a perdu espoir que les pisteurs n’arrivent !

Les femmes du village nous invitent alors à les suivre au bord de la rivière pour voir comment elles font fermenter le manioc dans l’eau stagnante et comment elles construisent des barrages pour attraper des petits poissons. Leur système nous semble éreintant et peu productif, 4 heures de travail pour ne récupérer qu’une quantité minime de poissons…cela dépend à priori de la saison.

Atelier douche solaire et filtration de l’eau, demain nous pourrons nous laver !

A midi, nous apprenons que les pisteurs n’avaient pas bien compris le message d’hier, en contre-partie, ils nous proposent de les suivre cet après-midi pour trouver les nids des bonobos. Certains préfèrent faire la sieste, d’autres renfilent leurs chaussures.

Les membres du groupe partis à la recherche des bonobos n’en verront pas mais il reviennent très satisfaits de leur « balade » en forêt, car les pisteurs leur ont appris et montré comment ils arrivent à suivre et retrouver les animaux, comment ils relèvent les indices dans la forêt.

La forêt est de plus vraiment majestueuse de l’avis général .

Le reste de la troupe resté au camp socialise avec les propriétaires de la ferme et leurs enfants, tous tellement adorables, puis décide d’aller se poster près du marécage où paraît il, les bonobos passent régulièrement à 17h tapantes !

Accompagnés des petits enfants qui vont récupérer de l’eau, le groupe s’arrête dans la forêt, au bord du marécage : le miracle n’a pas eu lieu, les bonobos n’apparaissent pas mais les bruits de la forêt sont tellement magiques, le chant des oiseaux les enveloppe, une incroyable sensation de sérénité…

L’ensemble de l’équipe se retrouve à la ferme où une danse avec les villageois est improvisée, un bidon sert de tam tam, tout le monde s’y met, tout le monde danse (ou presque) « la danse de la jalousie ».

A la fin du repas, Jonathan nous fait un cours très captivant sur les parcs du Congo et les dialectes puis au dodo.

Samedi 23 juillet

Les pisteurs sont partis à 5 heures du matin et doivent revenir vers 8 heures s’ils ont retrouvé la trace des bonobos.
Petit déjeuner copieux, Moukrano qui est retourné hier à moto à la ferme de M’bou mon tour a rapporté des bananes, des beignets, du café et même de la purée de cacahuète, c’est un festin !

En revanche, pas de nouvelles des pisteurs, c’est qu’ils n’ont pas trouvé la trace des bonobos, beaucoup plus faciles à voir en saison humide mais dans ce cas, il faut accepter les trombes d’eau au quotidien…en camping …

Nous apprenons que les pisteurs et les villageois ont demandé au chef du village de Bodzuna de faire une cérémonie pour demander aux esprits de nous permettre de voir les bonobos, on espère que les esprits serons conciliants .

En attendant, nous partageons les activités quotidiennes des gens de la ferme, préparation culinaire du manioc, tressage de tapis en natte, accompagnement des vaches dans la savane…

On en profite aussi pour rentrer les données dans le tableau Excel.

Le temps n’a pas la même valeur ici...

Tout le monde a pris son rythme et commence à savourer et à comprendre la différence de fonctionnement et de culture du pays.

Déjeuner sous la paillote, Jonathan nous fait un cours en fin de repas sur la biologie du bonobo, très intéressant une fois de plus !

Aucune nouvelle des pisteurs, Sophie et Stéphanie vont faire des interviews croisées et une de Jonathan pour leurs associations respectives (Code animal et Drops) au bord de l’eau, dans la forêt. Philippe, en tant que photographe professionnel, est tout naturellement désigné cameraman. Merci pour sa gentillesse et sa patience !

Après quelques fous rires, on peut considérer que l’objectif est atteint, on compte encore sur Philippe pour faire le montage, on est super contentes !

C’est trop tard pour aller crapahuter après les bonobos ce soir, mais demain sans faute, démarrage de l’équipe à 4 heures du matin, coûte que coûte, on les verra, on y croit !

Dimanche 24 juillet

4 heures du matin, nous sommes déjà sur la piste à la queue leu leu, lampe frontale allumée, silencieux, les pas dans celui qui nous précède.

Au bout d’une demi-heure, arrêt, division du groupe en 2 équipes, injonction de nous taire, d’éteindre toutes les lampes, les bonobos sont tout près, attention de ne pas les réveiller, ils risqueraient de partir immédiatement.

Nous attendons assis sur une souche, des cris de bonobos retentissent dans la nuit, impressionnants, profonds. La nuit nous enveloppe encore, le tonnerre gronde au loin, il y a un côté mystique à cette expérience.

Le jour se lève, pas un bruit, où sont les bonobos ?

Incroyable, ils sont partis… sans un bruit…ils ont disparu dans la nuit…

Il faut partir, se remettre en route. Que s’est il passé ?

Personne ne comprend comment les bonobos ont pu s’éclipser ainsi sans un bruissement de feuilles. Les pisteurs sont sûrs d’une chose : c’est parce que nous n’avons pas fait la cérémonie d’entrée dans la forêt. Nous aurions dû nous présenter au chef de terre, c’est à dire le chef du village de Bodzuna (nous avions pourtant fait la traversée en pirogue avec lui et nous avions bien sympathisé, pourquoi nous en voudrait-il ?).

Nous décidons de marcher à travers la forêt, nous allons bien finir par tomber sur eux non ?

C’est sur le chemin du retour que nous entendons à nouveau des cris caractéristiques : nous arriverons à faire quelques images d’un bonobo esseulé qui se demande bien qui sont ces drôles de bestioles tout en bas de ses arbres.

6 heures de marche ce matin, on retourne à la ferme.

Une partie du groupe préfère rester sur place : jeux avec les enfants, médecine improvisée sur le petit Alexis qui est un peu fiévreux, massages, palabres, et John, le cuistot de Nkala, nous offre une omelette aux … spaghettis !

L’autre partie du groupe rentre à la nuit tombée, on voit au loin leurs petites lampes progresser dans la nuit. La journée dans la forêt les a comblés, bien qu’ils n’aient revu qu’un seul bonobo, qui plus est en toute fin d’expédition. Ainsi le dénommé Zorro, celui du matin, a daigné refaire une apparition ce soir. Personne n’a cependant d’explication sur le fait qu’il soit ainsi tout seul sans ses congénères.

En attendant le repas, on décide d’aller regarder les étoiles avec l’application Sky Walk 2, et oui, on ne perd pas un instant pour se cultiver !

Les pisteurs nous invitent à un petit apéro à base de canne à sucre fermentée, l’ambiance est bonne et les rires fusent !

Lundi 25 juillet

4 heures du matin, Philippe et Sophie sont les deux seuls à affronter la nuit ce matin, les pisteurs sont prêts. L’orage gronde comme hier, mais ce n’est pas la saison des pluies, nous devrions éviter d’être trempés…les premières gouttes tombent cependant…suivies de nombreuses autres… puis des trombes d’eau s’abattent sur nous !

Nous attendons une accalmie sous la paillote puis go ! Nous nous lançons sur le chemin, le coeur vaillant. La pluie redouble, il n’est pas question de faire demi-tour. Nous savourons alors cette sensation tellement particulière de marcher sur un sol gorgé d’eau, d’entendre les gouttes tomber sur les feuilles, de pouvoir respirer la terre humide …quel bonheur ! Quelle bouffée d’oxygène, quelle impression de vivre !

Une heure de marche, de franchissement de troncs, de contournement d’obstacles, de branches dans le visage, de pertes d’équilibre rattrapées in extremis … et nous arrivons au pied du nid du bonobo qui nous accueille de quelques vocalises, ses sens aussi sont en alerte. Nous restons avec lui le temps que Philippe fasse quelques photos dont il ne sera malheureusement pas satisfait, la lumière n’étant pas suffisante. Mais qu’importe, nous sommes conscients de la chance que nous avons d’être ainsi au milieu d’une forêt préservée et de ressentir une telle sérénité .

Nous retournons au camp, arrivée 7 heures, les autres commencent à se réveiller.

Le temps d’enfiler des vêtements secs et nous nous retrouvons tous autour d’un petit déjeuner.

Il faut ensuite replier les tentes qui sont bien boueuses après cette pluie torrentielle, tout le monde s’entraide, c’est ça l’esprit d’équipe !

On met de la musique, certains chantent à tue tête en enchaînant les fausse notes mais leur bonne humeur est communicative et bientôt, enfants et même certains adultes de la ferme viennent les rejoindre et tout le monde danse ensemble !

Dernier déjeuner sur place puis on se met en route jusqu’au fameux marécage qu’il va falloir franchir à nouveau. Une procession en file indienne se met en route, il faut ramener tout le matériel et les sacs à la jeep, les enfants sont encore de la partie et nous accompagnent de leur rires.

Sophie et Audrey enfourchent la moto de Moukrano, ça fera plus de place pour les autres dans la jeep et c’est surtout une expérience de plus dans ce pays magique.

Pouvoir traverser ainsi la savane sur des sentiers étroits, à travers les herbes hautes, croiser de rares locaux occupés à leurs tâches quotidiennes, admirer les paysages à l’air libre…c’est une manière de plus de s’imprégner de l’atmosphère magique de ce pays.

Première halte au village de Bodzuna, celui du chef coutumier qui était sur la pirogue avec nous.

Il nous attend en habit de cérémonie, tout de rouge vêtu, sous la paillote réservée aux invités. Bientôt la nouvelle se répand, et tous les villageois nous rejoignent .

Le chef est particulièrement accueillant, très sympathique et son sens de l’humour nous ravit. Il répond à toutes nos questions et interrogations avec beaucoup de gentillesse puis nous fait visiter son village accompagné d’une nuée d’enfants qui arrivent de toutes parts. Des tout petits portés sur le dos par des à peine plus grands qu’eux, des adolescents un peu plus sur la réserve.

Nous discutons avec l’infirmier du village qui nous exprime son manque cruel de médicaments, même si il affirme que la population est plutôt en bonne santé. La salle d’accouchement, assez surprenante pour un occidental, consiste en une pièce plus que sommaire où une natte est posée à même le sol, les femmes accouchent accroupies et sans souci dans l’immense majorité des cas, 2 à 3 accouchements par mois pour ce village de 700 personnes environ. En cas de problème, il faut se rendre dans le village voisin mieux équipé parait-il mais nous n’en saurons pas beaucoup plus.

Les bâtiments de l’école aussi nous semblent très rudimentaires mais ils existent et c’est déjà un immense pas qui a pu être franchi grâce au financement issu de l’action Mbou mon tour.

Nous quittons ensuite le village, non sans avoir fait la photo traditionnelle avec tous les habitants.

Audrey est obligée le coeur lourd de décliner la proposition du chef de devenir sa 4e femme, d’autres projets l’attendent en France, mais les adieux sont déchirants .

Retour à la ferme de Mbou Mon tour, nous retrouvons Nathalie en pleine forme, heureuse de ces journées où elle a pu se reposer et se ressourcer.

C’est presque le luxe ici par rapport aux conditions que nous avions à la ferme de Lempu et nous avons de plus, récupéré la connexion internet qui nous permet de vous envoyer des nouvelles.

Tout le monde pianote sur son téléphone, se douche, on en oublierait presque de dîner !

Un petit blind test et quelques fous rires puis le ton devient plus sérieux : autour de la table, premières impressions partagées sur la mission, nous en sommes à peu près à la moitié du temps. La discussion est constructive, nous savons que c’est une première mission et qu’il y a des ajustements à faire. Nous nous rendons compte aussi que chacun est venu avec des attentes et des objectifs très différents.

Mardi 26 juillet

Journée détente et atelier lessive. Pour beaucoup, laver son linge en le frottant avec du savon dans une bassine ou un seau d’eau ne fait pas partie des habitudes !

Mais cas de force majeure, devant la nécessité absolue, tout le monde s’y met !

10 heures 30, téléphone posé au milieu de la table, nous avons un call avec Clément, le responsable scientifique d’OSI resté à Paris, il répond aux interrogations de chacun sur le projet.

Pas de programme précis après le déjeuner, interview filmée d’Innocent, le coordinateur de MMT, lecture sous le grand arbre au milieu de la cour, une balade dans la forêt voisine puis tout le monde se motive pour faire une marche dans les environs. Philippe, Jonathan et Mokéba (le chien) font demi-tour pour rentrer avant le coucher du soleil. Stéphanie, Amal, Audrey, Olivia et Sophie, même pas peur !, décident de continuer un peu. Pas de soucis pour retrouver le chemin, c’est toujours tout droit ! Ces journées en plein air sans activité physique majeure sont à la fois reposantes et fatigantes.

Après le dîner où il est question de goûter les spécialités locales que chacun a apportées (bonbons, biscuits, confiture…), on attend le retour des pisteurs pour aller se coucher.

Les nouvelles ne sont celles espérées : pas de bonobos en vue aujourd’hui.
Seuls Philippe (qui espère de nouveaux clichés) et Sophie souhaitent se joindre à la quête des pisteurs le lendemain matin, (départ tardif 6 heures du matin, on a gagné 2 heures de sommeil !) et petit bonus très appréciable, on part à moto !

Mercredi 27 juillet

6 heures du matin, Philippe et Sophie rejoignent Mokrano auprès de la moto. Les voilà partis, les pétarades de l’engin dans le silence du petit matin ont réveillé tout le monde !
Halte au village voisin, où sont les pisteurs ? Sont-ils déjà dans la forêt, dorment-ils encore ? Un bruit de cloche sonne le rassemblement, il s’agit de l’appel aux fidèles des prêtres kimbanguistes.
2e halte dans un deuxième village puis la forêt : c’est parti pour 5 heures de marche avec dénivelé : ça muscle, ça remet les idées en place. Les oiseaux s’expriment dans la canopée, peu visibles mais bien présents par leurs chants : calaos surtout, en grand nombre.
Il est surprenant d’avoir croisé visuellement si peu d’animaux dans une forêt si luxuriante. Mais c’est la saison sèche, les animaux sont là mais nous entendent arriver de loin, nos pas sur les feuilles craquantes n’étant pas toujours très discrets et certains d’entre nous ayant toujours une envie irrépressible de parler !
La forêt regorge pourtant de vie : serpents, arachnides, insectes, petits et gros mammifères comme des antilopes, des gazelles, petits singes comme les cercopithèques (surtout Ascagnes), chauve-souris (qui volent autour de nous le soir au camp), oiseaux… Les animaux nous repèrent, nous observent mais ne se laissent pas observer, la vie sauvage se mérite.
Les autres animaux se méfient des humains et combien ils ont raison !
Impossible aussi de ne pas penser à tous ces animaux enfermés dans les zoos, certains directement issus de leur milieu naturel (contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire), et qui sont mis ainsi à disposition du regard humain sans qu’ils ne puissent véritablement s’en soustraire. Des animaux qui, même s’ils sont nés en captivité, ont conservé leurs instincts mais ne pourront jamais exprimer les comportements physiologiques naturels inhérents à leur espèce (chasse, recherche de fruits et végétaux divers, choix du partenaire, exploration du territoire…)
Quelle joie de savoir que cette forêt et ses habitants (humains ou non) vivent en harmonie et en symbiose. Le système de forêts communautaires, que l’association M’bou Mon Tour a mis en place, permet à la fois la conservation in situ des bonobos (et des autres espèces sauvages) et aux humains locaux de sortir de la pauvreté : un mécanisme gagnant/gagnant d’une grande efficacité.
Pour la balade du jour, des nids de bonobos et des traces fraîches au sol sont repérés mais leurs occupants resteront invisibles. C’est le jeu. Ici, les animaux ne sont pas nourris pour les attirer et pour qu’on puisse les observer plus facilement. Ici, les animaux sont respectés dans leur environnement.
Retour à la ferme vers midi, Amal en aura profité pour aider à la collecte d’eau (pour la cuisine et la lessive) qui se fait grâce au remplissage de bidons à une source qui se trouve à environ 15 minutes au pas de course du campement… Un travail quotidien harassant !

Après-midi festif avec la rencontre officielle du chef de Nkala, vêtu de rouge comme le veut la coutume. Présentation sous la paillote des invités (comme au village de Bodzuna) puis spectacle de danse avec la participation de tous les habitants du village. Ils sont impressionnants de souplesse et certains semblent pratiquement en transe.
La fin d’après-midi est consacrée au rangement, la jeep doit ensuite nous emmener à la pirogue : 2 heures de piste qui se font dans une ambiance joyeuse avant que la plupart ne s’endorme.
Arrivés à la pirogue, tout le monde trouve une place pour mettre son matelas et s’enrouler dans son sac de couchage sur le sol du bateau. Le départ se fait aux premières lueurs de l’aube…

Jeudi 28 juillet

La pirogue largue les amarres comme prévu, au lever du jour.

Nous sommes tous encore emmitouflés dans nos sacs de couchage, sur nos matelas pneumatiques à moitié dégonflés.
Nathalie et Audrey ont décidé de dormir sur le pont sur les transats ; le froid les ayant gagnées progressivement au cours de la nuit, Audrey nous apparaîtra au petit déjeuner vêtue d’une grosse doudoune, on jurerait qu’elle vient de faire une descente en ski sur les pentes enneigées.
Nous n’avons pas été épargnés par les piqûres de moustiques ou par les morsures d’araignées.

Elizabeth, la veille, a croisé un surmulot qui est parti se réfugier dans la cale ; il restera discret pendant toute la traversée.
Lorsque tout le monde émerge enfin, nous avons déjà vogué un peu plus de 3 heures, nous rangeons les matelas et apprêtons une table de petit déjeuner recouverte de mets délicieux que nous n’espérions pas : beignets, bananes, mbika (à base de graines de courges pilées et d’épices cuites dans des feuilles de marentacae), petits pains moelleux, confiture, thé et café).
On devise, on écrit, on check nos photos, on admire le paysage : on longe la côte Congo Brazzaville, qui semble beaucoup plus riche que celle du Congo Kinshasa.

On croise à nouveau des bateaux-ville avec ces populations en transit, majoritairement des hommes mais aussi des femmes et des enfants qui peuvent vivre sur le fleuve 3 semaines de suite d’un port à l’autre.
Philippe aide à la préparation du déjeuner, nous aurons, grâce à lui, ce midi, des pâtes, comme d’habitude, mais améliorées ! En effet, il a entrepris de nous mijoter une délicieuse sauce tomate grâce au brasero au charbon de bois allumé sous l’escalier.

Un autre passager sur le bateau : un coq discret, pattes attachées par une cordelette, vogue vers un avenir plus qu’incertain. Il boira et mangera avec avidité ce qu’on lui présentera . S’il doit être sacrifié en arrivant, autant que son voyage ne soit pas trop inconfortable.

Le voyage passe extrêmement vite, on débarque bientôt dans ce port de Malukou, près de Kinshasa, toujours aussi apocalyptique… La misère, la saleté, la cohue… Impression de fin du monde… On nous attend cependant avec les voitures et nous partons en convoi vers la maison des prêtres qui nous avait accueillis au début de notre périple.
Il faut faire un test PCR pour pouvoir reprendre l’avion dans les 72 heures, un assistant de laboratoire a été dépêché et nous attend. Tout le monde est un peu inquiet, être positif signifierait des problèmes pour rentrer en France…
Elisabeth passe en premier : l’effleurement de ses narines un quart de seconde nous donne une idée du sérieux du protocole mais personne ne s’en plaint !

C’est une journée de transition, nous attendons surtout celle de demain avec la visite du sanctuaire.

Vendredi 29 juillet

Sœur Rosalie était heureuse de savoir que certains d’entre nous souhaitaient assister aux mâtines de 6 heures. C’était en fait une messe traditionnelle catholique, mais au rythme des maracas et du tam-tam.
Le bus de Lola y’a bonobo devait passer nous chercher à 9h pile, il arrive avec 1/2 heure de retard mais il arrive !

Nous traversons alors Kinshasa, cette ville grouillante, surpeuplée. L’atmosphère est irrespirable, la pollution est prégnante...

Le sanctuaire nous apparaît comme un havre de paix. La cacophonie de la ville n’est plus perceptible. Un écran de verdure, des plans d’eau, un vaste espace. Tout est propre, tout semble bien organisé.
Suzy nous accueille chaleureusement et commence immédiatement à nous expliquer le fonctionnement du lieu. Son énergie et sa vitalité sont communicatives, nous l’abreuvons de questions auxquelles elle répond avec beaucoup d’enthousiasme. Nous apprenons énormément aujourd’hui sur les bonobos, la façon dont ils se comportent, leur régime alimentaire, leurs alliances autour d’une hiérarchie matriarcale, les trafics illicites dont ils sont victimes, les histoires dramatiques de certains mais aussi et surtout l’espoir et la récompense de tout ce travail, concrétisés par la réintroduction d’une trentaine d’individus, dans une forêt protégée près de Basankusu, à travers le projet Ekolo y’a bonobo qui a débuté en 2009.

Nous visitons l’hôpital, la nurserie, passons devant les immenses enclos occupés par différents groupe de bonobos. La visite est entrecoupée d’un succulent déjeuner sur la terrasse du lodge de la propriétaire Claudine André, fondatrice du sanctuaire.

Le retour en bus est identique à celui de l’aller. Nous sommes replongés dans l’enfer sur terre : embouteillages monstrueux qui semblent inextricables, brouillard de pollution, brouhaha entêtant.

A notre retour, nous partons en commando au supermarché qui se trouve de l’autre côté de la grande rue, à quelques minutes à pied. Simba nous chaperonne, nous dévalisons les rayons du magasin : biscuits apéritifs, vin blanc et bière. Elizabeth rentre en France, c’est le dernier soir où la team est au complet, il faut marquer le coup.

Mais nous avons prévu, avant l’apéritif, d’assister à une messe évangéliste du prêtre apôtre Léopold Mutombo, un homme qui envoûte apparemment les foules. Ce soir, juste en face de notre logement, dans un temple immense encore en construction, plus de 3000 personnes sont réunies dans un même esprit, envoûtées par les paroles du prêtre qui harangue la foule.

Nous sommes positionnés dans le quartier VIP, tout près de l’estrade. Notre exfiltration au milieu de tous ces fidèles, sera finalement discrète.

Nous respectons les croyances des uns et des autres mais le discours de l’« apôtre », plus que confus à notre goût, le comportement des gens finissent par nous mettre mal à l’aise. Cela n’en reste pas moins une expérience incroyable et inattendue.

Après un Marula cream en digestif, nous nous résolvons à aller nous coucher.
A très bientôt Elizabeth, rendez vous pris à Paris pour des goûters, déjeuners ou dîners !

Samedi 30 juillet

Petite précision importante : si vous n’avez pas d’information pendant quelques jours sur le journal de bord, ne vous affolez pas ! Il arrive parfois que les SMS envoyés par téléphone satellite n’arrivent pas à destination ou que tout simplement pendant plusieurs jours on soit pris par l’expédition et qu’on oubli de donner des nouvelles... Oups !
Dites vous bien que s’il y avait un soucis avec un membre de l’équipe, ses proches en seraient les premiers avertis et donc le vieux proverbe « pas de nouvelle, bonne nouvelle » est tout à fait applicable chez nous. :-)

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